Vaches allaitantes Limiter le nombre de tétées : gain de performance ou perte de temps ?
Limiter le nombre de tétées des petits veaux allaitants est un plus pour améliorer la fertilité des vaches allaitantes. Avec une moindre fréquence de succion, les vaches reviennent plus vite en chaleur. Cette technique apprend également aux veaux complémentés à diversifier rapidement leur alimentation ce qui a un effet positif sur le GMQ. Seule ombre au tableau : l'astreinte quotidienne, même si à l'usage, les veaux apprennent vite à regagner leur case.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La conduite bloquée est généralement appliquée pour les jeunes veaux issus de vêlages d’automne ou d’hiver. Les éleveurs laissent le nouveau-né quelques jours avec sa mère au pâturage (ou au bâtiment selon la date de vêlage) pour qu'il boive le colostrum. Le veau retrouve ensuite une case dédiée. Plusieurs options sont possibles : bloquer les veaux durant la journée et les laisser avec les vaches pendant la nuit, ou restreindre l’accès aux mères aux heures de tétée (matin et soir).
Cette pratique n'est cependant pas majoritaire. D'après un sondage réalisé sur Web-agri entre le 15 et 22 février 2023, 70 % des éleveurs élèvent veaux et vaches ensemble jusqu'au sevrage.
Fabrice Bauchet, éleveur vendéen, sépare ses petits veaux Blonds de leurs mères chaque matin depuis 6 ans. Une manière pour lui « d’ éviter les voleurs de lait ». Pour limiter l’astreinte, l’éleveur a choisi de bloquer ses veaux durant la journée. Les veaux passent donc leur nuit en compagnie de leur mère. Une pratique que l’éleveur juge peu contraignante : « ils ne sont pas difficiles à rentrer. Lorsque les vaches sont prises au cornadis, il suffit de crier un peu et ils vont d'eux-mêmes dans leur cage. Une fois les premiers jours passés, ils sont habitués », explique l’éleveur. Et la pratique ne semble pas générer de stress particulier : « ils se sentent et se voient à travers la barrière, ce n'est pas la même séparation qu'au sevrage ».
Améliorer le GMQ sous la mère
L'agriculteur cherche à avoir des croissances rapides. Les veaux affichent un GMQ de 1,1 kg sous la mère. Si la complémentation joue un rôle certain sur cette performance (l’éleveur distribue une ration à base de paille, foin, maïs grain, orge et tourteau de soja), la séparation permet de tirer pleinement profit de la production laitière. « En sortant, le veau retrouve presque systématiquement sa mère, il y a beaucoup moins de vol de lait, apprécie l’éleveur. C'est d'autant plus important que la production laitière est un point faible de notre troupeau ».
L’absence de la mère incite le veau à consommer rapidement l’alimentation à l’auge. Et le système digestif du veau s’habitue précocement à valoriser la ration distribuée. Une étude de la chambre d’agriculture des Pays-de-Loire et de l’Institut de l’élevage montre que cette pratique permet une amélioration du GMQ. Si la phase 0 – 120 jours est peu impactée par le mode d’élevage, les veaux mâles bloqués affichent un GMQ supérieur à celui des veaux libres de 68 g, et les femelles de 56 g sur la période 120 - 210 jours.
Bloquer les veaux, c'est aussi l’occasion de former des groupes d’animaux homogènes. Bref, un moyen de limiter la compétition à l'auge pour avoir des croissances rapides.
Diminuer les IVV
La conduite "veaux bloqués" affecte positivement la fertilité des multipares : les troupeaux en conduite bloquée ont un IVV inférieur de 5 jours aux troupeaux en conduite libre.
A chaque tétée, la succion du veau stimule la production d’ocytocine. « Or, le fait de ne pas avoir 10 ou 20 tétées par jour fait qu’il y a moins de décharges d’hormones », explique Christophe Grobois, chargé de mission viande bovine pour la chambre d’agriculture du Maine-et-Loire. La diminution de fréquence des tétées permet ainsi un retour plus rapide de la cyclicité, ce qui améliore la fertilité que l’on soit à l’IA, ou en monte naturelle.
Limiter le contact aide aussi à moins fatiguer les vaches allaitantes. « Les veaux ne sont pas toute la journée à les solliciter pour aller chercher la moindre goutte de lait », et la fatigue joue sur le retour des cycles après vêlage.
Des éleveurs plus attentifs
Avec la conduite en bande, la mortalité diminue sensiblement (- 1,2 %) et le nombre de veaux sevrés par vache gestante est en hausse. Des résultats qui s’expliquent par une plus grande vigilance des éleveurs. « En rentrant les veaux, on voit tout de suite s’il y en a un de malade », décrypte Fabrice Bauchet. C’est également l’occasion d’habituer les jeunes veaux à l’homme pour qu'ils gagnent en docilité.
« Les éleveurs font également cela pour que les veaux ne soient pas abîmés, on a parfois des mères très maternelles qui iraient jusqu’à étouffer leur veau pour le protéger ! » note Christophe Grobois. C’est aussi une manière d’éviter les accidents si un taureau est présent dans la stabulation pour la monte naturelle. « Parfois, les veaux préfèrent même rester dans leur case. La litière y est plus propre, et cela leur permet d’éviter les bousculades ».
Pour accéder à l'ensembles nos offres :